Marathon de Boston


En essayant de comprendre ...


Enquête.

Pourquoi faire du mal ? Parce qu'on à mal !
Pourquoi du mal à lui, à eux ? Parce que je le/les vois comme la cause de mes malheurs !

Ainsi, le ressentiment nécessite une relation.
Une relation avec un autre qui se passe mal,  une relation dont je souffre,
et dont je considère l'autre comme responsable de cette souffrance.
Souffrance subie, dépendante de l'histoire et des événements vécus,
ou souffrance vécue au filtre de ma culture et de mes références.

Et toutes les cultures ne sont pas égales de ce point de vue.
Il y à celles qui invitent au pardon, et celles qui invitent au talion (œil pour œil/dent pour dent).
Celles qui initient à la parole et celles qui s'isolent dans le secret (omerta).

* * *

Tout intégrisme limite par définition les capacités à comprendre l'autre, voire même à le percevoir.
Qu'il s'agisse d'un intégrisme politique (focalisation autour d'un parti ou d'un idéal
 tel que fascisme, stalinisme, anarchisme) ou religieux (athéisme et scientisme en sont également),
tout intégrisme isole celui qui le porte en lui.
Toute focalisation culturelle amoindrie notre capacité à comprendre l'autre.
 Il en est de même de tout absence culturelle (absence d'éducation et de culture)
comme également de toute déficience intellectuelle pathologique (maladie)

S'isoler culturellement, c'est couper les ponts du dialogue et du vivre ensemble.
 C'est abandonner les mots pour se dire à l'autre.
Il s'ensuit incompréhension, solitude, impossibilité de communiquer
 du fait de trop grande différence de culture.
S'isoler fini par sur valoriser à dévaloriser l'autre,
 ou plutôt la représentation de l'autre en soi-même.
S'isoler empêche d'intégrer la différence avec l'autre et à se remettre en question

A Boston, les deux frères se sont apparemment...  bien isolés.

L'envie ou la jalousie débarquent, par impossibilité de rejoindre l'autre, d'être avec l'autre ,
puis dérive vers l'impossibilité d'être comme l'autre ou d'avoir comme lui.
L'existence de l'autre nous tend le miroir que nous percevons comme une menace.
 De la notre besoin de vengeance. Mais de là à passer à l'acte, il y a une marge.

* * *

Parfois le passage à l'acte vient, la violence elle-même, par la parole ou le geste.

Une barrière extérieure ou la peur de la sanction peut l'empêcher.
Ou rendre possible le retournement contre soi-même (allant jusqu'au suicide).
A Boston, pas de peur d'une sanction pour les 2 frères, et ils défendent chèrement leur peau.

Le conflit peut se résoudre par annihilation de soi-même en même temps que l'autre,
afin de ne pas porter la conséquence de ses actes,
et de vivre potentiellement dans la honte ou le déshonneur .
Le geste du kamikaze n'est cependant pas à confondre avec le sacrifice,
qui est un don de sa vie pour éviter à l'autre de souffrir ou le sauver.
A Boston, pas de suicide après l'acte... ou peut être manqué.
Et pas de volonté de sauver autrui, mais bien de détruire en faisant le plus de mal possible.

Parole ou témoignage, en amont, aurait rendu possible l'évacuation de la tension dans le partage avec autrui.
L'excès de tension interne aurait été évacué, diminuant le risque de passage à l'acte.
Mais ici, à Boston, le goût du secret a été le plus fort, et le dialogue ne semble pas avoir eu sa place.

Pas non plus de trace d'un pardon qui aurait intégré les limites de l'autre. Écoute zéro.

Le passage à l'acte a eu lieu. Brutal.

* * *

Si dans d'autres contrées, comme la nôtre,
la dilution et la dispersion de la culture pouvait nous ferait presque passer pour de tendres animaux,
 ici, il semble qu'une culture rigide et monobloc est engendrée un comportement de robot ou de brute épaisse.

Seule une ouverture aux autres cultures,
dans le respect de la différence et l'humilité humaine aurait permis de se sortir de l'ornière.
Mais ici, pas de 3ème voie, et cette ligne de crête n'a pas été choisie.

Alors, comment interpréter ces tristes événements ?

Voilà 2 jeunes immigrés tchétchènes, présentés comme assez intelligents,
 sportifs (lutte et natation pour le cadet, boxe de haut niveau pour l’aîné),
très religieux, et faiblement intégré
 (le cadet présenté comme discret, et l’aîné ne «comprenant pas les américains»)
Certainement incapable de communiquer  vers l'extérieur du fait d'une trop grande barrière culturelle,
ils finirent certainement par élever eux-même les murs autour d'eux.

Intelligents, le sont-ils ? Formatés, vraisemblablement. Intelligence formatée sûrement.
Une intelligence technique unidirectionnelle dont ils se serviront.

Vivant en vase clos, les 2 frères n'ont plus comme tiers que leur propre frère.
Gémellité. Mimétisme réciproque.

Que faire quand l'isolement devient trop fort, et le désir d'exister trop prégnant.
 La pression devient-elle si insoutenable que les deux jeunes deviennent de véritables «cocottes minutes» ? 
Deux c'est trop peu quand on veut peut-être devenir comme l'aîné un «champion pour son pays»,
sans vraiment identifier de quel pays il s'agit (les États-Unis, la Tchétchènie?).

Voilà deux jeunes qui ne semble pas réussir à s'intégrer, et qui en souffrent,
 au point de peut-être se sentir rejetés, de ne plus pouvoir supporter le bonheur autour d'eux.
Peut-être finalement que le malheurautour d'eux pourrait les rendre heureux ? Banale jalousie.

La dévalorisation de l'autre, de l'américain, du capitaliste, du riche...
...n'est même pas nécessaire.

Ainsi, les «cocottes minutes» pleines de ressentiment qu'ils sont certainement devenus
atteindrons des sportifs (comme eux), internationaux (comme eux),
lors d'un événement festif (eux qui ne se sont pas intégrés et s'isolent de la fête) : la marathon de Boston.

Si ils ne sont pas heureux, les autres ne doivent pas l'être non plus.  Tous égaux.
Alors commence la lente construction de leur machine de guerre.
 En commettant ce passage à l'acte prémédité et  irréparable,
ils se retrouvent d'un seul coup égaux dans le malheur
avec ceux qu'ils enviaient peut-être secrètement  quelques instants auparavant.
Frères dans le malheur. Après moi le déluge.

Triste violence au quotidien d'humains décérébrés
par une monoculture fondée sur la loi du talion et le goût du secret.
Pauvres hère isolés et mal intégrées,
qui souhaitent faire subir aux autres les souffrances qu'ils subissent en eux-mêmes.
Voilà une possible explication. Effroyable banalité d'une vengeance envers l'être,
ayant son origine dans un mal d'être ensemble qui ne s'est pas dit.

Il faut  cependant éviter dans le piège de l'escalade qui risque de conduire à la vendetta interminable.
Au danger du  «je te hais» qui répondrait à un imaginé «tu me hais»,
 il faut au contraire poser à l'autre la question (quand on a le temps) :
«Pourquoi me haïrais-tu ?»
Voilà le triste avertissement qui nous concerne tous.
Sans ce questionnement, le sommeil de la conscience risque s’engendrer des monstres.

A nous de cultiver les valeurs de parole et de respect qui permettent  très tôt
d'éviter de rentrer dans ce piège si facile à vivre : le "pas nous"... puis en fin de compte le ressentiment.
Cela ne se fait pas sans effort.
Ce travail est une véritable quête, et certainement celle qui en fin de compte soutient toute lesautres.

* * *

Cette quête me fait penser à une autre quête,
qui concerne d'autres événements collectifs, qui n'ont absolument rien à voir.

Notre quête du comportement adéquat, pour éviter aux générations futures,
à la fois les impacts de
l'épuisement des ressources et du réchauffement climatique.
Là encore, il s'agit d'éviter de tomber dans quelques pièges,
paroles du "pas ensemble" que j'ai déjà entendues :
"Les générations futures, comme nous, s'en sortiront..."... ou encore...
"A chacun son intérêt"...
Peut-être avons nous du mal, nous aussi, à nous intégrer.
A nous intégrer dans cette immense copropriété qu'est notre planète !



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