L'écologie
des dupes
Thierry
Salomon (Président de Negawatt)
et Jean-Marc Jancovici (fondateur de
Carbone 4 et initiateur du Bilan Carbone avec l'Ademe),
furent tous
deux des participants actifs du
Grenelle de l'environnement.
Je
ne peux qu'observer avec intérêt combien leurs 2 positions
(visibles sur les sites Negawatt et Manicore par ex)
proches
selon moi sur l'essentiel, me semble montrer deux divergences éclairantes.
En fait, quelque chose de très important est en train de se produire,
et le rapprochement de ce que je vois de leurs deux points de vues
éclaire singulièrement ce "quelque chose"
* * *
Les
deux divergences portent ou cristallisent le
débat politique du moment.
(moment qui risque de durer un moment)
Il ont été un peu mis en lumière
lors de la campagne présidentielle, à travers l'exemple de
l'Allemagne,
abondamment cité dans le débat
télévisé entre les 2 candidats avant le
2ème tour.
Le sujet du nucléaire est a cet égard un
symptôme de cette opposition.
Vous
aurez noté combien les pays d'Europe ont été cités abondement
lors de ce débat,
et combien cette présence internationales dans
les arguments de chacun
détonne avec ce qui existait jusqu'à
présent. La crise est passée par là !
L’Allemagne
exemplaire
A
elle seule, l'Allemagne symptomatise une ligne de
faille qui polarise les discours politiques actuels.
Mauvais
élève pour les uns, qui voient dans l'abandon du nucléaire un sinistre
présage :
la confiscation du gaz russe (plus pour l'Allemagne, donc
moins pour les autres)
et le funeste CO2 présent dans sa combustion,
ainsi que dans celle du charbon.
Notre bon vieux climat va en prendre
un sale coup dans l'aile
et l'Allemagne ne tiendra jamais ses
engagements climatiques !
Elle peut être vue ici comme une égoïste
pollueuse.
Bon
élève pour les autres, qui voient d'un œil envieux son orientation
de
longue date vers les bâtiments passifs et la croissance de son
éolien...
Et en plus, pensent les plus rouges des verts qui adoptent ce
programme,
n'abandonne-t-elle pas cette saloperie qui a donné
Fukushima ?
Ici, c'est le portrait d'un parangon de vertu que
nous trouvons.
Quelle
leçon d'écologie !
En
fait, à bien y regarder, une autre ligne de faille apparaît (mais
silencieusement cette fois)
Jacobinisme français versus fédéralisme allemand
La
différence entre la France et l'Allemagne va jusque s'inviter dans
notre chambre à coucher.
Ainsi, des décisions locales, et plutôt
civiles entraînèrent en Allemagne
une forte mobilisation pour
isoler les bâtiments par l'extérieur (Passivhauss),
tandis qu'un
centralisme français étatique imposait l'atome,
qui engendra à la
fois un coût électrique moins élevé... et un mode d'isolation par
l'intérieur,
qui ne nécessite jamais d'accord collectif pour sa
mise en œuvre.
Il
est vrai que les pays où l'hiver est plus rigoureux
sont plus
souvent contraints à mettre en commun les maigres ressources,
a
contrario des pays où ressources et soleil foisonnent,
et où chacun
peu ignorer son voisin en toute sincérité !
Derrière ces failles, c'est tout le débat
sur l'implication de l'homme de la rue qui se pose,
qu'il se voit de gauche, de droite, français ou européen...
... responsabilité et solidarité...
Et les points communs ?
Pourtant,
ce qui rapproche les visions de nos deux bonshommes,
est certainement beaucoup plus
important que ce qui les sépare.
Les
différences entre ces 2 points de vues qu'ils représentent amusent la galerie médiatique,
et
pendant ce temps là, cela évite de penser aux choses importantes.

Ce
qui les rapproche est la vision de la nécessité impérieuse de
faire des économies !
De vrais économies
d’énergie.
Dans les transports, dans le bâtiment, et même
d'énergie grise.
Des économies de pollution aussi.
Plus de
recyclage et moins de CO2 et d'autres vilaines choses.
Plus de
biodiversité aussi.

Et
nos politiciens dans tout cela ?
Ils
font encore joujou. Joujou avec leurs électeurs,
en évitant surtout
d’annoncer des nouvelles qui pourraient fâcher.
Imaginez
un peu le discours politique suivant !
Il
faut moins de dettes, et moins de chômage, et pour cela :
se
préparer au déremboursement des produits de luxe :
d'abord
les alicaments,
puis les médicaments qui ne servent pas à grand
chose
(vous avez vu, cela a déjà commencé)
avoir
une administration plus efficiente,
et donc une réorientation
significative
(là, ça commencerait à tousser fort)
repenser
complètement les transports,
avec des petites voitures légères
peu consommatrices
et pas des 4x4,
avec des parcours en train entre
les métropoles,
et pas en voiture tous les WE...
faire
de grand travaux d'isolation
envers le froid et le chaud des
habitations existantes,
c'est à dire des investissements qui vont
amaigrir l'épargne
et plomber le niveau de vie
pour viser des
économies importantes à moyen terme
(quand le prix de l’énergie
explosera
juste avant la prochaine récession, ou les prochains
rationnements...)
repenser
complètement l'urbanisme, à travers une densification,
et une
relocalisation de la distribution et des commerces
(avez-vous
remarqué comme certaines enseignes
se relocalisent en centre
ville..) ,
une relocalisation et de la production alimentaire,
agricole, industrielle,
à l'échelle nationale, régionale,
municipale.
Vous vous rappelez.. le produire en France...
donc plus
cher aujourd'hui... mais moins cher demain
(les chinois de Chine ne cotisent
pas pour notre retraite) |
Il
est sûr que prononcé entre 2 tours,
un tel déballage eut peut-être changé le cours de l'histoire !
Mais
il n'en a pas été ainsi, car nos politiques sont finalement
assez... conservateurs.
Alea jacta est...les dés sont jetés donc.

Et
le monde attendra d'autres événements
pour qu'un changement de cap
puisse être pris,
pour le bonheur de la planète, de nos enfants, et
le nôtre.
Et
à ce moment là, nous pourrons dire adieu.
Adieu au greenwashing,
adieu au PIB, au made in China,
au superflus électroacoustique,
certainement.
Peut-être adieu aussi aux éternelles étude post
adolescente,
adieu à la sécu, et aux maisons de retraites.
Il
faudra peut-être retourner à la terre et à l'usine.
Tant que ce
n'est pas Adieu aux retraites elles-mêmes,
aux prisons, à la paix
sociale... et à la paix tout court.
|
En
résumé, comme le racontait un certain Nicolas qui n'était pas
président
et
qui se fourvoya quelque peu dans les bas fonds de l'écologie...
...le
syndrome du Titanic est bel et bien à notre portée.
Alors
que faire ?
Il
reste à informer le plus grand nombre de la plausibilité des
scénarios ci-dessus,
afin que chacun s'y prépare, et puis
attendre...
Attendre
que certains aient les pieds suffisamment mouillés (à l'instar des
grecs)
pour qu'une masse critique consciente émerge,
et que les
décisions soit prisent avec le moins de douleur et le plus
d'efficacité possible...
... afin que justement les vilains scénarios n'aient pas lieu...
Ne
nous y trompons pas, il s'agit d'une course de vitesse
entre
l'emballement chaotique provoqué par l'absence de changement de cap
(ne pas agir, c'est laisser faire, et donc agir),
et un changement de
cap salutaire,
qui arrivera peut-être trop tard pour éviter les
dégâts liés à la pénurie des ressources fossiles :
d'abord
le pétrole, puis le gaz, le charbon, l'uranium...
et l'eau disponible enfin,bien partie pour devenir elle aussi une ressource... fossile.
Le
plus grand risque est que la violence des événements à venir ait
raison de notre liberté.
Les
forces armées, officielles ou non,
ne sont-elles pas nécessaires
pour éviter pillages et émeutes
et forcer le rationnement de la
population ?
* * *
Mais
le pire n'est jamais sûr, et comme chantait Serge Régianni dans Les Loups
jusqu'à
ce que les hommes aient r'trouvés
l'Amour
et la fraternité.
Et
alors, les Loups sont sortis de Paris !
