Jouer collectif...
ou la fin des boucs émissaires
dernière mise à jour : 05/05/2014
Sommaire
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Parfois, un homme est lynché, comme au temps de William Lynch qui donna son nom aux méthodes de châtiment expéditives : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Lynch Aujourd'hui, ce sont plutôt des femmes qui sont lapidées, comme dans ce film inspiré d'un roman (La femme lapidée de Freidoune Sahebjam),
Ce film de sensibilisation nous rappelle les affaires récentes ayant concernée une femme, Sakineh en juillet 2010 http://fr.wikipedia.org/wiki/Sakineh_Mohammadi_Ashtiani  D'autre fois tondues, comme nous le rappelle ces témoignages de la libération de Paris. Le témoignage de Jean Rochefort est à cet égard très évocateur et émouvant : « Du sang, du sang, de la chique et du mollard » entendais-je dans ma jeunesse. Rien de plus grisant que de pouvoir mettre à mort, de manière autorisé. Se défouler |
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Pourtant, depuis la nuit des temps, la victime est innocente, comme l'agneau, ... mais elle a une si mauvaise réputation ! Comme nous le chante Georges Brassens dans cette chanson (la aussi) qui n'a pas pris une ride. Cette petite rétrospectives sur Bigard quand il évoqua le 11 septembre est de ce point de vue assez symptomatique : http://www.dailymotion.com/video/x6qtmu_bigard-le-lynchage-mediatique_news Il n'y a guère que Dechavanne pour adopter un point de vue neutre Et peu importe ou non que la victime soit si peu coupable. Voire pas coupable du tout, comme cette histoire scandaleuse qui a touché en France un ophtalmologiste : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-lynchage-mediatique-de-l-83155 http://www.dailymotion.com/video/xf8dv2_le-lynchage-mediatique-de-l-ophtalm_news Les scénarios ont souvent de fortes ressemblances : conflit ou angoisse initiale, rumeur ou faux témoignage, emballement médiatique de la foule, lynchage réconciliateur (catharsis) d'un bouc émissaire, suivi de son meurtre symbolique ou réel.  Dans le cas de Salman Rushdie, objet en 1989 d'une fatwa d'un ayatollah iranien demandant son exécution pour des propos jugés blasphématoires, la photo ci-dessous illustre le meurtre symbolique : son effigie est brûlée par la foule. Rushdie a été anobli en 2007 par Elisabeth II. |
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La Chasse aux sorcières En 1692 dans le Massachusetts, s'ouvre le procès des sorcières de Salem. Il sera analysé a posteriori comme comme découlant de luttes internes à la communauté. Plus de 20 personnes seront pendues pour sorcellerie.  The Salem Martyr - Thomas Slatterwhite Noble La révolution française regorge de ce type d'événements, dont un des plus horrible est le massacre de la princesse de Lamballe.
 Mort de la princesse de Lamballe massacrée devant la porte de la prison de la Force à Paris le 3 septembre 1792 par Léon-Maxime Faivre La princesse est massacrée le 03 septembre, puis elle est décapitée. Sa tête est promenée au bout d'une pique sous les fenêtres de la reine Marie-Antoinette dans la prison du Temple. Le détail (morbide) est disponible ici : http://www.biblisem.net/etudes/walslesm.htm De nombreux martyrs ont été l'objet de cette barbarie : Jeanne d'Arc, libératrice de la France; brûlée. William Wallace, libérateur de l'Écosse; pendu et écartelé. Giordano Bruno, défenseur de l'idée de la pluralité des mondes; brûlé Jean Moulin, héros de la résistance; torturé à mort Gandhi et Martin Luther King, apôtres de la non violence; assassinés Un martyr (du grec ancien martus, « témoin ») consent à aller jusqu’à se laisser tuer pour témoigner de sa foi, plutôt que d’abjurer. Jésus, qui a volontairement donné sa vie sur la croix pour le salut des hommes, n'est pas un martyr. Un martyr en revanche témoigne de la mort de Jésus (Matthieu 5:10-12) |
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Le lynchage, ce phénomène extrême de «violence mimétique», que René Girard assimile à Satan (Voir son ouvrage paru en 1999 : Je vois Satan tomber comme l'éclair) et débouchant souvent sur un meurtre fondateur, un abandon ou un exil, est selon lui à l'origine des cultures des sociétés à travers les grands mythes (Dionysos, Œdipe/Thèbes, Persée/Argos), les mythes finissants (telle Apollonius de Tyane guérissant la peste d'Éphèse racontée par Philostrate - voir annexe) et pour finir les lynchages modernes.  Andromède attachée au rocher par les Néréides - Théodore Chasseriau - Louvre Le premier enjeu des premières communautés était en effet de se protéger de leur propre violence interne qui risquait de conduire à l'autodestruction de la communauté. La découverte le l'effet réconciliateur du sacrifice d'une victime est donc un pas très important pour leur survie. Ainsi, les mythes ont propagé la culpabilité de victimes innocentes. Désignés comme coupables, elles sont chatiés par la foule ou les dieux Rémus, tué par Romulus pour avoir franchi un sillon tracé sur le sol par son frère Prométhée, condamné par Zeus à se faire éternellement manger le foie, pour avoir donné le feu aux hommes Sisyphe, condamné par les dieux à faire rouler éternellement un rocher pour avoir enchaîné la mort Orphée fut déchiqueté par les Bacchantes (Ménades) pour être resté fidèle à Eurydice Oedipe, abandonné par son père Laïos (lequel séduit son fils adoptif Chrysippe qui se pend de honte) et sa mère Jocaste, fut chassé de Thèbes, accusé du meurtre de l'un et d'inceste avec l'autre. Désignées innocentes, elles sont alors sauvés par les héros ou les dieux Iphigénie, sacrifiée pour permettre aux navires de voguer vers Troie : innocente et sauvée par Artémis Andromède, sacrifiée pour avoir été proclamée la plus belle par sa mère : innocente et sauvée par Persée * * * "Il vaut mieux qu'un seul homme meure plutôt que tout le peuple" dit ainsi Caïphe au Sanhédrin, entraînant ainsi la crucifixion de Jésus, d'abord lynché médiatiquement par la foule : «Libère Barabbas» «crucifie le ».  La foule libère Barabbas Il est ici assez symptomatique que Pilate donne au peuple le choix entre le fils de l'homme et le fils de Dieu d'une part, et le fils du père d'autre part (Bar–abba), ce qui n'est pas sans rappeler la parabole des 2 fils, très bien mise en scène dans le film de Franco Zeffirelli. |
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Pour être efficace, ce mécanisme du bouc émissaire doit resté caché,
et les bourreaux doivent se persuader que la victime est vraiment coupable. La Passion du Christ est dans les évangiles le sommet de ce mécanisme, ici très bien racontée dans ce film de Mel Gibson : «La Passion du Christ», film tourné en araméen qui raconte les 12 dernières heures de la vie de Jésus, en intégrale, sur Youtube ici La Bible nous enseigne à reconnaitre ce mécanisme barbare, à faire la lumière sur l'innocence : Rémus est désigné coupable, mais Abel est reconnu innocent Oedipe est désigné coupable, mais Joseph et Job sont reconnus innocents La plus grosse entourloupe (de Satan), comme la dénonce si bien René Girard, un spécialiste de cette question du bouc émissaire, est justement ce passage du «Tous contre tous" au "Tous contre un", donc d'éliminer la zizanie présente au départ. 1° Il faut au départ qu'une certaine zizanie soit présente, c'est à dire qu'il existe un certain empêchement à aboutir à une alliance réelle c'est à dire dans la parole (Satan signifie l’accusateur, qui se met en travers de l'union, de la communion) . 2° Lorsque la zizanie atteint un seuil de rupture, la réconciliation a lieu sur le dos d'une victime, le bouc émissaire, le plus souvent à l'aide de médisance et de faux témoignages qui empêchent de voir son innocence. Cette réconciliation est le fruit d'un acte de sacrifice applaudi ou mené par une foule hypnotisée par son désir de destruction. C'est ce qui fait dire à René Girard que "Satan – l'accusateur du bouc émissaire - expulse Satan – celui qui sème la zizanie par la non Parole" - via ce passage magique du "Tous contre tous" au "Tous contre un", il résoud la zizanie qu'il a semée lui même au départ par un meurtre fondateur.  La Lapidation de Saint Etienne - Charles LEBRUN - Notre Dame de Paris |
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Ce que nous montrent les évangiles, c'est que ce mécanisme ne tient pas et que la communauté s'autodétruira si elle persiste à mettre en œuvre ce mécanisme. Tout simplement parce que ce mécanisme va petit à petit devenir conscient, et la communauté va petit a petit comprendre qu'elle a sacrifié un innocent sur l'autel de sa violence mimétique. C'est ce qui fait dire à Jésus en Marc 3:23-26 que ce mécanisme porte en germe son autodestruction. En le rendant conscient, il s'autodétruit, et Satan est fini (c'est ce qui se passe avec l'épisode de la femme adultère). Mais hélas, la propension des hommes au sommeil (le non éveil) est très forte. Nous comprenons mieux pourquoi Jésus vient non pas apporter la paix,mais l’Épée. Comme son Père, qui sépare (la lumière des ténèbres, le jour de la nuit, les eaux du haut de celles d'en bas), Jésus nous conduit à nous positionner. A vivre séparé avec autrui et non fusionné. L’Épée est le Verbe qui permet cette séparation. C'est à dire l'Esprit-Saint, qui réunit autant qu'il sépare. - exactement comme le Symbolon - le Symbole - Dès que Jésus apparait, l'unanimité violente disparait.  Tapisserie de l'apocalypse-Angers Satan est aussi le nom de l'illusion (Maya) qui soit force à la fusion avec l'autre, et donc à la confusion, comme nous le voyons dans tout phénomène de foule, soit au contraire, qui essaie de se mettre en travers de l'union avec l'autre. Il est donc opposé à toute communion, à toute alliance. - etymologiquement, Satan est l'accusateur - Mais la communion, donc l'Amour, a un prix très élevé : laisser à l'autre sa parole, le respecter. Et donc lui parler et l'écouter, quitte à risquer de tomber en désaccord avec lui, et à acter ce désaccord dans la parole : c'est cela qu'est justement l’Épée. L’Épée du courage, celle qui protège, celle du guerrier. Et le désaccord peut aussi bien conduire à une vraie entente fondée sur un respect réciproque, si la Parole est présente, donc la conscience... qu'à la guerre, si l'escalade de la violence mimétique prend le dessus. Apporter l’Épée, c'est donc apporter le respect qui rend possible l'Amour. Nous sommes libres d'imiter le Christ (le défenseur), ou Satan (l'accusateur). La paix peut être le fruit de la dictature, comme dans la bouche de l'empereur de la guerre des étoiles. «Enfin, les scytes régneront sur la Galaxie, et nous aurons... la paix.» Ou l’Épée peut devenir le symbole d'une paix vraie et construite (c'est alors l’Épée des héros à l'instar de celle de Lancelot du lac, ou l’Épée des blasons des combattants de notre pays).  Dans le film «Le dernier Samouraï», l’Épée de Katsumoto et celle offerte au Capitaine Algren nous suggère un sens possible des propos de Jésus. "J'appartiens au guerrier qui aura su allier les anciennes et les nouvelles voies" : Cf 3'50/4'55) Il en est de même de l’Épée des Jedi de la guerre des étoiles, qui ne sert qu'à défendre, au sens où celui qui attaque avec l’Épée perd de facto son état de Jedi. |
