Proposition de Negawatt


Le scénario Negawatt pour 2050

Ce plan a été présenté au public en septembre de cette année,
lors d'une conférence à laquelle vous pouvez assister ici
(je vous recommande de prendre le temps de la visionner : 3h30)

L'intégralité de la présentation est disponible sur le site de Negawatt ici



Le scénario Negawatt pour 2050

Il reprend le contexte bien connu des lecteurs de ce site :
la fin du pétrole d'une part (pic pétrolier),
la pression sur l'environnement d'autre part (réchauffement climatique, GES/CO2).

Selon Negawatt, le pic pétrolier est maintenant derrière nous (entre 2004 et 2008),
et l' action est maintenant urgente. Nous perdons déjà du temps.

Negawatt s'appuie sur une démarche partant des besoins,
pour remonter aux ressources nécessaires pour les combler,
en s'inscrivant dans une trajectoire linéaire de baisse de la consommation d'énergie
(Negawatt ne retient pas dans ses hypothèses de possibilités
de croissance temporaire de l'énergie - donc du PIB actuel,
ou de rebond ultérieur - pour repartir ultérieurement à la hausse)
Notre gestion  doit s'adapter à une baisse continue de l'énergie,
en prenant en compte la sobriété, l'efficacité, et les renouvelables.

Le constat
La démarche
(en remontant des besoins - en bas à droite... vers les ressources - en haut à gauche)


 
Cette démarche : le "Scénario Negawatt"
met en évidence la nécessité d'un changement profond de notre gestion énergétique,
qui se résume en terme de bilan dans les 2 schémas suivants :

Le schéma des flux en 2010, c'est à dire actuellement, et ....
... le schéma des flux énergétiques en 2050, c'est à dire après application du
"Scénario Negawatt"


Scénario Negawatt - année 2010


Scénario Negawatt - année 2050




Lecture de quelques différences


Un effort d'économies très important est nécessaire :
passage de 1927 Twh à 849 Twh annuels

Dans le domaine de la consommation de chaleur :
La consommation passe de 927 à 408 TWh. L'action principale est l'isolation thermique des habitations. Par exemple, les maisons individuelles, à partir de 400 kWh/m2/an à 0, deviennent passives, ou positives.

Dans le domaine de la mobilité (les transports de personnes et de marchandises) :
La consommation passe de 654 à 255 TWh. Cette économie est réalisée grâce au développement du fer-routage, à la baisse de la consommation du parc automobile - aussi bien par recentrage de l'urbanisme, que de l'évolution drastique des véhicules et de leurs motorisations, et par ailleurs, grâce à une quasi élimination du transport aérien.

Dans le domaine de la consommation d'électricité spécifique (donc hors chauffage et mobilité) :
La consommation passe de 288 à 172 TWh.

Enfin, la sidérurgie est stationaire (13 TWh).


Côté ressources, l'évolution des besoins et la croissance des renouvelables
induit l'évolution suivante en énergie utile primaire :
une production utile qui passe de 2965-939 = 2026 TWh à 1028-66 = 962 TWh,
 soit - 1064 TWh, soit une division de l'offre par un facteur 2.1
une dépendance fossile
qui passe de 84+896+496 =1476 TWh à 19+42+33 = 94 TWh
soit une division de la dépendance en fossile carboné par un facteur 15.7

En hausse, principalement :
L'éolien devient le fer de lance énergétique en passant de 11 à 194 Twh, soit + 183 TWh
Le biogaz n'est pas en reste, en passant de 4 à 153
Twh, soit + 149 TWh
Le photovoltaïque passe de 0 à 90 TWh, soit + 90 TWh
La géothermie passe de 6 à 77 Twh, soit + 71 TWh
D'autres filières existantes voient leur production augmenter :
L'hydroélectricité passe de 67 à 77 TWh
, soit + 10 TWh
La biomasse solide (le bois, essentiellement) passe de 139 à 248 Twh, soit + 109 TWh
Soit un total de + 612 TWh

En baisse :
La forte baisse de la consommation de pétrole et de gaz  qui passent respectivement de 896 à 42 Twh et de 496 à 33 Twh, soit 854+463 en moins
, soit - 1317 TWh
L'élimination totale de la filière nucléaire : qui passe de 405 Twh utiles à 0 sur le schéma,
, soit - 405 TWh
Soit un total de - 1722 TWh

On retrouve ( -1110 TWh), l'écart de -1064 TWh en ce concentrant sur ces 9 ressources.



Ce que j'en pense


Negawatt semble avoir fait un travail très important sur l'essentiel  :
réduire l'énergie carbonée à sa portion congrue en France métropolitaine.
Le scénario retenu semble tenir la route.

* * *

En dehors des impacts endogènes profonds de ces changements sur nos comportements
et notre marché intérieur (tertiaire, urbanisme, industrie, agriculture) ,
2 bémols

* * *

Une réserve importante sur la continuité de l'offre énergétique.

Le Scénario Negawatt doit ou devra apporter une réponse claire à cette question essentielle : comment assurer la continuité de l'offre à partir de 200 TWh d'Eolien qui ne semblent pas sécurisés ?
L'Eolien étant une energie fatale, c'est à dire qui peut tomber à zéro si le vent ne souffle pas, comment garantir la continuité de l'offre aux entreprises industrielles et aux particuliers. 
Cette question peut être explorée sous deux angles :
- le stockage de l'énergie : pour quoi, pour qui, et sous quelle forme ?
- l'adossement à d'autres sources d'énergie en mode secours : existance et cohabitation des sources principales et secours ?

En résumé, les questions de fond sont :
Quels sont les impacts en cas de black-out ? Faut-il assurer la continuité de l'offre énergétique ? 
Si oui, peut-on se passer d'énergie carbonée ou nucléaire pour assurer cette continuité ?

Il est à noter que, quel que soit la réponse,
ce point ne remet pas en question les efforts nécessaires pour atteindre le résultat 2050 du scénario,
puisqu'il s'agirait de sécuriser en adossant ou en stockant, donc en agissant uniquement sur le "mode secours".
En revanche, la politique et la cinétique d'investissements/désinvestissements sont singulièrement concernées.

* * *

Un autre volet n'est pas (en toute connaissance de cause)
abordé par Negawatt : l'international.

La France est une puissance militaire de premier ordre : le reste-t-elle sans le nucléaire ?
Quelles sont les conséquences, pour la France et pour l'Europe si elle cessait de l'être ?

Les plus gros émetteurs de CO2 via gaz et charbon sont les Etats-Unis, la Russie, la Chine...
Quelle est notre contribution politique à la baisse globale des GES planétaires sans le nucléaire ?
Que proposons-nous à ces pays pour qu'ILS baissent leur CO2 ?

Il est vrai
qu'avec cette question, nous sortons du cadre énergétique français,
pour entrer dans le domaine de la politique internationale...




Les non-dits de Négawatt... en disent-ils long ?

Dans la video, vous verrez que Negawatt se prononce pour un scénario :

SANS NUCLEAIRE & SANS SEQUESTRATION DE CO2

Hors, nous savons que les énergies fatales (comme l'éolien),
ont besoin d'une source d'énergie pour palier leurs déficiences imprévisibles.
Alors, que faire ?

Par ailleurs, vous savez que la France a aujourd'hui un parc important d'éléctricité NUCLEAIRE
Et vous vous doutez aussi que l'Allemagne se dirige depuis un certain temps,
en sortant du nucléaire, vers du CHARBON...
donc, si elle veut tenir ses engagement de réduction de GES... AVEC SEQUESTRATION DE CO2 ...
... mais rien n'est sûr !

Par ailleurs, vous savez que la production d'électricité
dans le monde, est faite en majorité...
avec du CHARBON et du GAZ !
(Charbon : 40%, gaz : 20%,
hydroélectricité : 16% nucléaire : 15%, le reste : 9% - voir ici )

Sans aller plus loin dans la prospective, gageons qu'avec l'impact du réchauffement climatique,
les pays qui tireront le plus leur épingle du jeu seront :
ou ceux qui auront maitrisé et rendu acceptable en terme de risque le NUCLEAIRE (Génération IV, Thorium...),
ou ceux qui 
auront maitrisé et rendu acceptable en terme de risque la SEQUESTRATION DU CO2....
... mais cela, c'est une autre histoire...