Ressources & Candidats 2012


La gestion des ressources énergétiques


Voilà une image de BD, issue d'un des albums «idées noires» de Franquin
qui illustre
on ne peut mieux à mes yeux le propos et l'enjeu de la gestion des ressources énergétiques :

Eviter la fuite en avant !




Une crise, deux crises, trois crises...

Quand les ressources deviennent rares et chères,
c'est-à-dire quand la crise énergétique survient,

la capacité à transformer la matière devient moindre,
puisque l'énergie coûte plus cher.

Les produits reviennent plus cher et coûtent davantage,
et de proche en proche, également tous les services qui s'y adossent.


La demande diminue
et se recentre vers les produits de première nécessité.
La crise économique survient.

Cette crise économique entraîne en retour
une moindre confiance des entreprises à produire,
à embaucher,
et des banques à faire crédit.

La diminution des offres d'emploi entraîne une hausse du chômage,
et les entreprises et les consommateurs
ont de plus en plus de difficultés à rembourser leurs crédits,
entrainant une crise financière.

En résumé : ressources insuffisantes, donc crise énergétique,
donc crise économique, donc crise financière.



WHY !


Comment en sommes-nous arrivés là ?
 
- grille de lecture -

Grâce à l'énergie
bon marché : pétrole, gaz et charbon ,
la productivité de nombreux secteurs a augmenté :

l'abondance énergétique a engendré
des réactions en chaîne de libération de bras et de temps :

D'abord, les tracteurs, les moissonneuses batteuses, les engrais ont remplacé les agriculteurs (moins de 2% aujourd'hui, plus de 60% au début de l'ère industrielle)

Ces nouvelles forces productives quittant l'agriculture, ainsi que l'abondance énergétique ont permis l'apparition de nombreux produits :

1. les emballages pour le transport et la conservation des aliments, l’adduction d'eau potable, le retraitement des eaux usées ont permis une amélioration de l’hygiène et donc de l'espérance de vie,
2. les produits de l'industrie lourde, hautement énergétivores tels le papier, le verre, le ciment, l'acier ont rendu possible la fabrication d'infrastructures nouvelles : voies de chemin de fer, ponts, routes, aéroports...
3. les automates industriels, et la mise à disposition pour tous de produits manufacturés et de services de plus en plus riches en énergie, du livre à  l'électroménager, de l'automobile à l'ordinateur, de la livraison à domicile du repas ou des courses, au voyage à l'autre bout du monde.

La croissance exponentielle du  temps disponible a autorisé l'émergence de nouvelles populations, comme les étudiants, les retraités... puis les chômeurs, "sous-produits" d'une augmentation
trop importante de la productivité .
Le développement de la publicité et du marketing a favorisé la croissance d'une industrie du désir (médias, cinéma, mode, HiFi, téléphonie mobile …) qui a généré de nouveaux emplois dans les services. Tout celà au fur et à mesure que les emplois industriels se concentraient vers des pays de moindre coût de main d’œuvre, du fait de la quasi gratuité énergétique des transports de biens.

En résumé, toute notre civilisation «occidentale»
dépend du coût encore dérisoire des ressources énergétiques.
(sur cet aspect "dérisoire" vous pouvez approfondir ici)



Que ces ressources non renouvelables
deviennent plus chères, car moins disponibles...
... et les impacts risquent d'être colossaux!




Mais tout cela est-il si important ?



A la vue des
positions des candidats à la présidentielle
au regard des questions énergétiques

il semblerait que nombre de questions écologiques de base
soient passées à la trappe :



En regardant les programmes plus avant....
...disparue la taxe carbone pour décourager le gaspi
et engranger de quoi engager des investissements salutaires,

rien sur une diminution drastique des importations de pétrole et de gaz...
aucun message sur un objectif d'économie décarbonée,
point de message sur les nécessaires économies massives d'énergie,
aucun
plan Marshall d'investissements d'isolation en vue,
Rien sur les besoins en hommes et en formation
des métiers du bâtiment, rien sur le redéploiement
de l'espace rural, sur
l'agriculture de proximité...
et à peine quelques rares couplets sur la réindustrialisation.


Non ! A la place, nos candidats,
soutenus par des médias à peine moins myopes,
nous promettent ... qui la croissance,

qui la nécessité d'une productivité accrue,
qui la réduction du temps de travail,
qui l'arrêt du nucléaire ...

... quand ce n'est pas le rétablissement de la peine de mort
ou la lutte contre les chomeurs, plus facile que celle contre le chômage !


En résumé, nos politiciens nous invitent
à rentrer dans le mur à plus grande vitesse !

Pourquoi ? Est-ce un manque de lucidité ? Le fruit d'une scotomisation ?
Une expression banale du principe de Peters ?  De l'insouciance de nanti ?
De l'imprevoyance congénitale ?
Un savant calcul politicien ?

Ou plus sûrement la "fuite en avant" tout à fait inconsciente
d'une classe politique non outillée* pour penser ces phénomènes ?

(*) des politiciens sans bases scientifiques,  loués tout petits déjà comme faisant partie de l'élite,
puis formatés au PIB sont effectivement bien mal outillés.


* * *


Ravage de Barjavel ?

Sans aller jusqu'aux conflits pour s'approprier
les ressources vitales en énergies comme le pétrole ou le gaz,
certains accidents sont possibles...
parce qu'ils sont déjà arrivés !

En témoigne cette jolie photo satellite
du black-out qui a touché l'Italie le 28 septembre 2003
(rapport ici et , et événement au 20 heures ici)



Tout cela pour illuster le fait qu'
AVANT de limiter
notre pétrole, notre gaz ou notre nucléaire,
il faudra avoir mis sur pied de quoi les remplacer...

Il est tant de s'y mettre... et d'acheter quelques bougies...


* * *

La cigale ou la fourmi,
l
a fable de La Fontaine, est d'une veine plus optimiste que le dessin de Franquin,
car il existe une fourmi à qui la cigale peut toujours demander.
Dans la vraie vie, c'est nous qui jouons alternativement les 2 rôles.
Le Docteur Jekyll a intérêt à être en forme !

Je vous laisse redécouvrir le texte,
et vous régaler de quelques vidéos sympathiques ....

La Cigale, ayant chanté
Tout l’Été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la Bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter 
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Août, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? j’en suis fort aise :
Eh bien ! dansez maintenant. »

Retrouvez cette fable sur Wikisource 
 La cigale et la fourmi en video :


Version "fillette" ; cliquez ici
Version "Eddy Merckx" ; cliquez ici
Version "Théatre" ; cliquez
Version "Rock" ; cliquez


* * *

Et pourtant, le bonheur est dans le près
(il s'agit du "près de chez soi" bien sûr !)

Ce petit graphique à méditer est encore plus enthousiaste que la fable de La Fontaine

Les Colombiens ont certainement bien des choses à nous apprendre :
comment vivre avec autant de bonheur et quatre fois moins !




* * *


PS : l'image ci-dessus est issue de la page plus complète ci-dessous.
On y voit mieux nos joyeux fétards !