DISCOURS PRESIDENTIEL DU TRICASTIN
Suivi de celui des écologistes

Dans cette page

Le discours présidentiel du Tricastin, le 25/11/11
L'accord PS - EELV
L'Allemagne et l'éolien - la sortie du nucléaire
Le discours des écologistes (lien vers une autre page)
Les discours et l'action



Nicolas Sarkozy : discours du vendredi 25 novembre 2011
à l'usine d'enrichissement d'uranium d'Areva à Pierrelatte (Drôme)

Ce discours donne de nombreuses indications
sur un sujet qui devrait jouer un rôle considérable dans la campagne présidentielle de 2012.
Il ne s'agit pas que du nucléaire, mais de la politique énergétique de la France

Ce discours est disponible sur le site de l'Elysée, ici


Contexte du discours

Le discours de Nicolas Sarkozy se positionne dans un certain contexte

Contexte temporel
La France a en 2011 la présidence du G8 et du G20


Contexte électoral
L'accord PS - EELV sur la sortie du Nucléaire a été passé quelques jours plus tôt.
Le "Candidat Sarkozy" ne s'est pas (encore) déclaré officiellement

Contexte économique
La France a une croissance quasi nulle
La France est très endettée et risque de perdre son AAA,
l'Euro est menacé
Un plan de rigueur est annoncé, le bâtiment annonce des licenciements

Contexte international proche
Son discours s'inscrit  dans l'après Fukushima
(et la crainte d'un accident nucléaire industriel qui l'accompagne)
et dans un contexte économique tendu : la Grèce, l'Italie, et d'autres vivent des moments difficiles
(et donc dans l'inquiétude pour le niveau de vie et l'emploi)

Contexte international futur incertain
Un climat fortement déréglé en 2010, année d'un record de chaleur
et d'émission de gaz à effet de serre, avec une année 2011 qui s'annonce pire.
Un environnement international difficile (Egypte, Syrie...),
avec la menace d'un conflit mêlant l'Iran et Israel.
Le détroit d'Ormuz (la route du pétrole) n'est pas loin, et une absence de conflit,
ou au contraire un début de conflit
sont des options très porteuses de sens.
Le choix du moment également (
en hiver ou au printemps)

Contexte global non exprimé
Le Pic oil, les contrainte sur le gaz, le charbon, etc... tous éléments avec lesquels vous êtes familiers sur ce site.
Autrement dit : l'approche vraisemblable d'un MUR energétique




Plan du discours


Hommage à Georges BESSE

Le Nucléaire, un consensus vieux de 65 ans,est aujourd'hui remis en cause.
Le Nucléaire, ni de gauche, ni de droite,mais dans l'intérêt supérieur de la France

Un trésor d'intelligence, des emplois,et un pouvoir d'achat menacés

L'indépendance énergétique de la France

Les énergies renouvelables,complément du nucléaire, oui,en substitution du nucléaire, non

l'intermitance des renouvelables,et les conséquences économiques

Les efforts pour les renouvelables en France

24/58, une proposition partielle, donc incohérente

La sureté nucléaire après Fukushima,auditer, suivre les conclusions de l'ASN
(Autorité de Sureté Nucléaire) - L'excellence de Areva et EDF - Poursuivre l'inovation Nucléaire

CONCLUSION
Ne pas retourner au Moyen Age, ni à l'époque de la bougie
"Dans quelles usines irez-vous travailler ?", "Quels seront les emplois pour vos enfants ?"
"J'ai hérité des justes décisions de mes prédécesseurs, je n'ai pas l'intention de brader l'héritage"




Contenu du discours


Nicolas Sarkozy a tenu un certain nombre de propos que j'analyse ci-dessous :


1) Nicolas Sarkozy dit :
 "La production d'électricité en France est faiblement émettrice de CO2.
Savez-vous que l'économie française aujourd'hui émet, pour la production d'électricité,
10 fois moins de CO2 dans l'atmosphère que l'Allemagne,
où l'électricité provient à 43% du charbon ?"


Voilà qui semble tout à fait surprenant : qu'en est-il réellement ?
Voir l'analyse complète en bas de page ici.
Le facteur 10 est peut-être un peu élevé..., mais Nicolas Sarkozy ne délire pas, 
contrairement par exemple à ce que laisse à entendre Corine Lepage, ici

Un green pour Sarkozy

2) Nicolas Sarkozy dit que les coûts photovoltaïques sont de 5 à 10 fois plus élevés que pour le nucléaire. Et que même s'ils sont divisés par 2, le coût de substitution reste prohibitif.

Mes calculs :
Les coûts de production sont assez difficiles à obtenir. Je vous les retransmet ...
Le site le plus complet que j'ai vu sur le sujet est ici.

Source d'énergie g CO2/ Kwh Coût de production
Retenu c€/KWh
Combustible % -
c€/KWh
Invest : % - €/kW installé Facteur de Charge h/an
Charbon 1000 2.5 40% - 2.5 40% - 1500 7000
Gaz 400 3.5 70% - 3.5 20% - 500 5000
Pétrole 900 2.5 70% - 2.5
(1 à 4)
20% - 500 5000
Nucléaire 6 3.5 20% - 0.3
(0.2 à 0.5)
60% - 3000 6500
Petite Hydroélectrique 4 4.5 0 2000 3500
Grande Hydroélectrique 4 3.5 0 1500 3000
Éolien onshore 3 6 0 1500 2000
Éolien offshore 3 8 0 2500 2000
Photovoltaïque 20 20...100 0 5000 1500
Solaire thermique - 8 0 - -
Bois - 4 - - -
Biomasse conventionnelle - 7 - - -
Géothermie - 8 0 1000 -
Hydraulien (courants) - 10 0 - -
Marémotrice - 12 0 - -
Houlomotrice (vagues) - 20 0 - -
Piles à combustibles PAFC acide phosphorique - - 0 - -

En résumé, pour le coût, toutes les sources d'énergie sont dans la fourchette 2.5 à 10 c€/KWh ... exception faite du photovoltaïque, complètement hors jeu à plus de 20 c€/KWh, et l'énergie des vagues.
Grosso modo, l'ordre est le suivant, par coût croissant :  charbon, gaz, nucléaire,
hydroélectricité, éolien onshore, éolien offshore, .... le photovoltaïque est bon dernier
Ces chiffres sont parfois sujet à de fortes variations. En fonction du pays qui construit, ou explore, le coût peut être assez différent. 


Cela étant, dans tous les chiffrages rencontrés, le photovoltaïque est effectivement très cher. Et comme vous le savez, si les panneaux viennent de Chine, ils sont fabriqués avec de l'électricité provenant avant tout... du charbon : bonjour le CO2 !

Le facteur de 5 à 10 que donne Nicolas Sarkozy entre nucléaire et photovoltaïque est du bon ordre de grandeur. 

Un green pour Sarkozy

3) Nicolas Sarkozy dit que les coûts éoliens sont 2 fois plus élevés que pour le nucléaire.

Mes calculs :
Là encore, c'est juste ! 3.5 contre 6.  (voir tableau ci-dessus).

Un green pour Sarkozy

4) Nicolas Sarkozy dit que 30 000 éoliennes sont nécessaires au remplacement de 24 réacteurs nucléaires

Mes calculs :
Un réacteur nucléaire, c'est grosso modo 1.5 GW de puissance, 
et ça tourne 6000 heure/an mini
Une Eolienne, c'est environ 3 MW de puissance (en onshore), et ça tourne 2000 heure/an.
Une centrale produit 6000x1.5 GWh, et autant que N éoliennes produisant  2000xNx3 MWh
Une centrale, c'est donc N = 6000/2000 x 1.5/3 x 1000 = 1500 éoliennes

24 réacteurs,
c'est donc 24x1500 = 36000 éoliennes
Avec des éoliennes un peu plus grosses et mieux ventées, on arrive à 30000 éoliennes.
C'est le bon ordre de grandeur
(souvent, on prend 1000 éoliennes pour 1 réacteur nucléaire)

Attention ! L'éolien ne fonctionnant pas 100% du temps, mais au grand maximum à 20-25% du temps (quand il y a du vent), il plafonnera donc à 25% de la production électrique !
Ainsi, l'éolien ne pourra JAMAIS remplacer le nucléaire. Tout au plus permettra-t-il d'éviter de l'utiliser, à concurrence de 20-25 % de la production nationale !

Voilà un élément factuel qui semble inconnu de certains écologistes.

Et c'est ce qui explique aussi que les norvégiens et les suédois (ENR à 8.8%), richement dotés en sites venteux, ne poussent pas l'éolien. ils utilisent leur hydroélectricité (99% chez les norvégiens... qui exportent leur pétrole et leur gaz) , leur nucléaire (42% chez les suédois !) et l'éolien danois (qui brade son excédent d'éolien quand il y a trop beaucoup de vent).

Un green pour Sarkozy

5) Nicolas Sarkozy dit que l'intermittence de l'Eolien nécessite la construction de centrale à gaz !

Mes calculs :

Une Eolienne, ça tourne 2000 heure/an... et de manière imprévisible.
On appelle l'éolien une énergie fatale, car quand le vent tombe, il faut un autre type d'énergie pour prendre le relais, avec une puissance à parité. Ainsi, l'éolien n'évite pas la construction d'une centrale au gaz, au charbon, hydroélectrique ou nucléaire... il évite juste de l'utiliser quand le vent souffle !
Comme l'Allemagne abandonne le nucléaire, il lui faudra donc nécessairement adosser à son éolien des centrales à charbon (il reste à l'Allemagne et à la Pologne un peu de charbon), ou à gaz (il y en a chez le géant Russe d'à côté). Imparable !

Un green pour Sarkozy

6) Nicolas Sarkozy dit qu'il a mis d'abord l'accent sur l'efficacité énergétique : "l'énergie la moins chère est celle que l'on ne consomme pas".

Mes calculs :

Parfaitement juste ! L'isolation thermique est la première démarche à effectuer.
Cet élément est bien connu des lecteurs de ce site (Bilan thermique, habitation passive...)
Domage qu'il n'insite pas ! Un couplet sur la taxe carbone, et cela aurait été parfait !

Un green pour Sarkozy

7) Nicolas Sarkozy souhaite qu'en 2020, la consommation d'énergie des français soit à  23% de l'ENR.

Comme cela est montré en 8°, Nicolas Sarkozy inclus certainement l'hydroélectrique dans son calcul et ne tient compte que de l'électrique (*).
Et donc pour lui, ce taux est à 13% en 2011. Il passe donc de 13 à 23%. Soit 10% de 550 TWh en plus, donc 55 TWh.
Nous savons déjà qu'il prévoit 10 TWh en eolien Offshore - voir point 10°.
Reste 45 TWh a trouver !
Pour donner un ordre d'idée, 45 TWh, c'est la production d'éolien onshore de l'allemagne en 2011. C'est à dire la moitié de la Corse en Eolien. C'est faisable, puisque les Allemands l'on déjà fait !
Prospective :
Si nous en faisions autant, nous aurions effectivement : 65+10+45=120 TWh électrique  d'ENR+hydroélectrique, sur une production globale qui serait alors de 550+55=605, soit 20% d'électricité ENR+ hydro.
Avec ces 605 TWh, contre 490 aujourd'hui, soit  près de 140 Mtep, contre 110 Mtep aujourd'hui, nous pourrions baisser de 30 Mtep nos importations fossiles (de 185 Mtep aujourd'hui), et augmenter notre indépendance énergétique (passer de 110/295 = 37%, à 140/295 à 47% ) et donc aussi diminuer notre dette...
Avec en plus l'isolation vue au point 6, ce taux serait encore amélioré... on peut toujours rêver.

Cela dit, Nicolas Sarkozy parle ici de consommation... et non de production., et est complètement silencieux sur l'onshore.
C'est trop flou.

23% : si c'était vrai, ce serait bien...

Pas de couleur sur ce sujet

* Car sinon, en global nous serions déjà à 19% ;
ENR elec + non elec + hydro = (97+162)/1361 = 19%.

8) Nicolas Sarkozy dit que la capacité ENR (ENergie Renouvelable) est passée de 9.5% en 2005, à 13% en 2011.

C'est beaucoup ? Qu'en est-il ?

Mes calculs  :
ENR  :
- ENR non électrique : 20/185 Mtep, soit 10,8% ; 20 Mtep => eq 87 TWh/811 TWh
- ENR électrique : 10/550 TWh, soit 2%
- ENR primaire (donc le total) : (87+10)/1361= 7.1 % de ENR.. c'est beaucoup moins que 13% !

Ou va t-il chercher tant d'ENR ?

Si on prend l'hydroélectrique (c'est à dire les barrages), soit 65 TWh,
on arrive à 162/1361, soit 11.9% de notre énergie primaire (les barrages ne produisent que de l'électrique)

La somme globale en électrique, non hydroélectrique + hydroélélectrique donne :
(10+65)/550 = 13.6% de notre énergie primaire

Donc, Nicolas Sarkozy inclut l'énergie hydroélectrique dans ses calculs.
Autant dire que le non hydroélectrique ne pèse pas bien lourd !

Un Yellow pour Sarkozy

9) Nicolas Sarkozy dit que la capacité éoliennefrançaise a été multiplié par 8 entre 2005 et 2011

Il n'y avait pas grand chose, et maintenant, il y a un petit quelque chose :

Un mini-green pour Sarkozy

10) Nicolas Sarkozy veut 6 GW eolien offshore en 2020

Mes calculs :
Ces 6 GW  représentent 6 x 365 x 24 x 20% = 10.5 TWh,
c'est aussi : 6/0.7 = 8.6 projets comme la m
er des 2 côtes (le Tréport).

Par comparaison, l'Allemagne souhaite 25 GW pour 2030 (contre 0.18
GW en 2010), donc 25 GW en 20 ans, contre 6 GW en 10 ans. L'Allemagne "parait" bien plus ambitueuse... Mais il est vrai que l'Allemagne souhaite un zéro nucléaire.

Un mini-green pour Sarkozy

11) Nicolas Sarkozy dit que la capacité photovoltaique est passé de 2 MW à 1700 MW => soit 1.7 GW

Cela vous parle ?

Ces 1.7 GW  représentent 1.7 x 365 x 24 x 15% = 2230 GWh, soit 2.2 TWh, ce qui est minuscule (0.4% de l'électricité française). 511 MW étaient déjà installé en 2010, et la production était de 212 GWh en 2009.
C'était inexistant, et cela a progressé de manière exponentielle vers un petit quelque chose qui commence à se voir. Mais comme il le dit lui-même, c'est prohibitif. Qui plus est, cela vient de Chine (produit avec de l'électricité carbonnée...). Cela étant, c'est une énergie d'avenir dont les coûts de production sont à faire baisser. Il faut persévérer.

Un mini-green pour Sarkozy

En résumé

Un discours cohérent sur le fond. Les chiffres donnés sont souvent justes et en tout cas du bon ordre de grandeur.
Un discours très pro-nucléaire, mettant en évidence la continuité avec les politiques antérieures , l'indépendance énergétique.
Plus globalement, un discours énergétique et économique réaliste.
Les ambitions sur les ENR existent, mais de manière très modérée (a contrario de l'Allemagne)
Une parole est particulièrement forte :  "Au demeurant, ceux qui promettent le remplacement du nucléaire par des énergies renouvelables, - je vais employer un mot fort -, mentent, ils mentent aux Français.". Et effectivement, le parti qui effectuerait ce genre de promesse serait en fâcheuse posture (voir pt n°4) et personne ne s'y est encore aventuré (voir ici le pot aux roses). A suivre.

Ma position :
Le discours est cohérent sur le nucléaire, selon moi incontournable : la seule position réaliste quand viendra le mur énergétique (Il ne faut pas se dévêtir quand vient l'hiver !)
L'isolation thermique est citée, mais réduite à la portion congrue. Le solaire thermique est absent du tableau, idem pour la geothermie, le bois, la biomasse... Dommage.
Pas assez ambitieux sur l'Eolien (il n'y a que les 10 TWh en Offshore, soit 2% de la production électrique... en 10 ans ! Rien n'est dit sur l'Onshore. C'est trop peu !
Peu d'insistance sur la complémentarité Eolien - Nucléaire... à suivre.

PS : Pour augmenter votre culture sur ces sujets, vous pouvez aller fair un tour ici


 L'accord PS-EELV



L'accord PS-EELV est intégralement lisible ici

Citations

[...]
la France dira sa disponibilité pour une négociation en vue d'un désarmement nucléaire universel, graduel, négocié et contrôlé.
[...]
Nous réduirons la part du nucléaire dans la production électrique de 75% aujourd’hui à 50% en 2025 et engagerons :
- Un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables, par leur situation en zone sismique ou d’inondation, leur ancienneté et le coût des travaux nécessaires pour assurer la sécurité maximale. Cette évolution intégrera les évaluations de l’ASN et de l’IRSN ainsi que le nécessaire équilibre offre-demande.
- Une révision de la politique industrielle de l’Etat français concernant les réacteurs de troisième génération mettant au coeur de notre nouvelle stratégie les questions de sûreté, d’intérêt économique et énergétique. Dans ce cadre, le projet d’EPR de Penly, qui n’est pas aujourd’hui justifié tant du point de vue industriel qu’énergétique, sera abandonné. Nos formations prennent acte de leur désaccord sur l'avenir du chantier de l'EPR de Flamanville.
- Aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié.
[...]
La France agira enfin pour que l’Union européenne porte son objectif de réduction des émissions de
gaz à effet de serre à l'horizon 2020 à 30%.
[...]


Quelles conséquences ?

Réduire les Gaz à effet de serre ...
et réduire simultanément le nucléaire, très peu pourvoyeur de CO2...
donc en finançant des ENR avec un budget d'origine inconnue...
et en fermant des centrales nucléaires déjà existantes et donc pas à construire...
quand la France est endettée à hauteur de 84% de son PIB...
... quand le pétrole s'amenuise et que les coûts des énergies carbonnées augmentent...
Tout cela est-il bien sérieux ?

Et les écologistes dans tout cela ?

Devant ce discours présidentiel, le silence est assourdissant sur les éléments de fonds !
Les verts et les journalistes auraient-ils perdu leur langue ? Le débat les dépasse-t-il ?

Peu semblent capables de prendre suffisement de hauteur sur le sujet.
Les critiques restent superficielles et émotionelles et d'une argumentation faiblarde : libération, cap21, EELV et  EELV bis, PS et PS bis : les lecteurs de ce site devrait pouvoir identifier les bévus.

L'entrevue Négawatt - Areva donne déjà une meilleure idée des positions et incompréhensions.
Mais un des rares à mes yeux à prendre de la hauteur est ici  . Sa lecture mérite le détour.
Le silence de Nicolas Hulot, le seul qui semblait avoir une certaine liberté de parole, est total.
En prenant sa carte chez EELV, était-il condamné à adopter la doctrine du parti ?

Les écologistes de toute obédiance semblent s'être crispé sur les positions originelles des verts, donc forcément anti-nucléaire. Forcément. Même si les morts liés à l'atome à Fukushima avoisine les zéro, à comparer aux 50 000 morts liés au tsunami. Allez comprendre cette cristallisation de la pensée bien ilustrée dans les premiers liens sus-cités.

Dans toute cette confusion, François Hollande semble cependant s'être rendu compte que quelque chose cloche dans la sortie du nucléaire... Le mieux est de lui laisser la parole ici en video . N'est-ce pas Anne Lauvergeon qu'on voit dans les dernieres images ?
Ses mots :
"Je suis pour la diversification des sources d'énergies pour produire de l'électricité, c'est-à-dire avec du nucléaire, puisque j'ai fixé la perspective pour 15-20 ans de réduire la part du nucléaire dans l'électricité de 75 à 50%, mais en même temps de faire monter les énergies renouvelables"


Il manque à nos verts franchouillards un peu de rouge pour être capable de comprendre les événements, un peu de jaune pour percevoir les enjeux, et pas mal de bleu pour être à l'écoute des signes des temps !
Ces verts là sont très conservateurs et très traditionalistes 
dans le fond : du pur lymbique gauche !
Mais tout cela est une autre histoire...



 Allemagne - l'éolien

ANALYSE DU DISCOURS

Citation de Nicolas Sarkozy - Cf ci-dessus le point n°1 :
"La production d'électricité en France est faiblement émettrice de CO2.
Savez-vous que l'économie française aujourd'hui émet, pour la production d'électricité,
10 fois moins de CO2 dans l'atmosphère que l'Allemagne, où l'électricité provient à 43% du charbon ?"

      Quelques données
(cf source de l'
Observatoire de l’Industrie Électrique
ici)
      
                  ENR      Hydro     Nuclear  Charbon   Gaz        Fioul    Autres thermiques
UE             7.10%    10.65%    27.78%   26.71%    23.95%   3.10%     0.71%
France       2.02%    11.95%    76.29%    4.24%      4.47%    1.02%     0.00%
Allemagne 11.59%     4.23%     23.30%   43.19%    13.40%   1.35%     2.93%

                ENR      Hydro    Nuclear      Charbon    Gaz      Fioul    Autres thermiques
Kg CO2      3           4             6             1000         400       900        900
/KWh

Un calcul de coin de table avec les données ci-dessus
montre que l'électricité française produit 75 Kg CO2/ Kwhe

quand électricité allemande produit 526 Kg CO2/ Kwhe, soit 7 fois plus de CO2

Conclusion
L'électricité allemande provient bien à 43% du charbon (43.19% en 2008)
L'électricité allemande produisait 7 fois plus de CO2 que l'électricité française en 2008


En stoppant  7 réacteurs nucléaires,
l'Allemagne arrête 44 TWe sur ces 530,
soit 44 sur les 23.3% de 530 = 124 TWh nucléaires dont elle dispose.
Son ratio nucléaire passe donc à 16.3%,
et l'Allemagne passe à 406 TWh et à 573 Kg CO2/ Kwhe,
soit 7.7 fois plus que la France.

Si l'Allemagne compense les 44 TWh manquant par du Charbon,
elle passe à 608 Kg CO2/ Kwhe, soit 8.2 fois plus que la France.

Si ce n'est pas du charbon, cela peut être du gaz Russe
... ou du nucléaire français !


Si l'Allemagne arrétait tout son nucléaire,
elle passerait à 486 TWh et à 685 Kg CO2/ Kwhe,
soit 9.2 fois plus de CO2 que la France.

Si l'Allemagne compensait les 124 TWh manquant par du Charbon,
elle passerait à 759 Kg CO2/ Kwhe,
soit 10.2 fois plus de CO2
que la France.

Par ailleurs :
Si l'Allemagne compensait les 124 TWh manquant
par 24 TWh de Charbon et 100 TWh d'Eolien
(elle atteindrait alors le même ratio que le Danemark !)
elle passerai alors à 576 Kg CO2/ Kwhe, soit 7.7 fois plus que la France.
Cette dernière hypothèse me semble réaliste, si les allemands :

a) qui ont actuellement - en 2009 -  25.6 GW d'éolien (contre 4.5 GW en France)
soit environ  25 x 24 x 365 x 20% max = 44 TWh
pour une superficie certainement voisine de la moitié de la corse,

b) font le programme prévu en éolien offshore pour 2030,
soit 44 TWh correspondant au 25 GW prévus
(36 projets comme le tréport, et 30% de la superficie de la Corse)

c) Rajoutent un programme de 56 TWh en éolien Onshore (sur leur territoire),
soit environ une superficie de 50% de la Corse,
Soit donc 44+56=100 TWh de plus par rapport à aujourd'hui,
soit 144 TWh d'éolien au total (contre 44 aujourd'hui).
N'oublions pas que l'Allemagne atteindrait alors le seuil fatidique des 25% (cf point n°4)

Ainsi, si l'allemagne s'engage fortement dans l'Eolien
(multiplier son parc par 3 et dépasser le ratio d'Eolien danois actuel),
pour arriver à 144 Twh d'Eolien (>25% de sa production électrique),
tout en abandonnant le nucléaire,
sa production électrique
continuera à poluer 7.7 fois plus que la France !

D’ici à 2020, l'Allemagne veut réduire de 40 % par rapport à 1990
sa production de gaz à effet de serre (GES) .
Une question se pose avec la sortie du nucléaire :
l'Allemagne a-t-elle l'intention de se dédire
de ses engagements sur la diminution de production de GES ?


En étant plus rigoureux, il faudrait tenir compte du ratio entre population,
soit 1.28 = 82 millions /64 millions. Le 7.7 fois plus devient donc voisin de 6.

* * *
Mix énergétique des pays Européens

ENR Hydro Nuc Charbon Gaz Fioul Autres thermiques
UE 7.10% 10.65% 27.78% 26.71% 23.95% 3.10% 0.71%
Suède 8.79% 46.13% 42.58% 0.34% 1.14% 0.58% 0.44%
France 2.02% 11.95% 76.29% 4.24% 4.47% 1.02% 0.00%
Lituanie 1.44% 7.10% 71.12% 0.01% 14.56% 4.07% 1.71%
Slovaquie 1.85% 14.64% 57.67% 16.13% 7.20% 2.35% 0.15%
Autriche 9.94% 60.62% 0.00% 8.23% 18.74% 1.85% 0.61%
Finlande 14.00% 22.10% 29.65% 17.71% 15.30% 0.55% 0.70%
Slovénie 1.76% 24.50% 38.25% 32.46% 2.90% 0.10% 0.02%
Belgique 5.49% 2.07% 53.65% 6.53% 31.01% 0.48% 0.77%
Lettonie 1.97% 58.95% 0.00% 0.04% 39.00% 0.04% 0.00%
Roumanie 0.04% 26.47% 17.28% 39.76% 15.37% 1.08% 0.00%
Hongrie 5.63% 0.53% 37.02% 17.70% 38.21% 0.89% 0.01%
Bulgarie 0.27% 7.28% 35.00% 51.47% 5.33% 0.62% 0.04%
Espagne 12.37% 8.32% 18.80% 15.53% 39.15% 5.74% 0.10%
Allemagne 11.59% 4.23% 23.30% 43.19% 13.40% 1.35% 2.93%
R.tchèque 2.05% 2.84% 31.79% 58.40% 4.75% 0.16% 0.00%
Portugal 17.66% 15.87% 0.00% 24.36% 33.06% 9.02% 0.02%
Luxemb 5.34% 27.13% 0.00% 0.00% 67.53% 0.00% 0.00%
Danemark 29.81% 0.07% 0.00% 47.97% 19.04% 3.11% 0.00%
Italie 5.67% 14.80% 0.00% 13.50% 55.84% 9.86% 0.33%
UK 4.41% 2.38% 13.48% 32.18% 45.75% 1.57% 0.23%
Pays-Bas 10.16% 0.09% 3.87% 21.80% 62.01% 1.92% 0.14%
Irlande 8.66% 4.38% 0.00% 27.01% 54.12% 5.83% 0.00%
Grèce 3.82% 6.51% 0.00% 52.32% 21.64% 15.67% 0.03%
Pologne 2.75% 1.76% 0.00% 90.39% 3.43% 1.49% 0.18%
Estonie 1.60% 0.26% 0.00% 91.15% 6.63% 0.35% 0.00%
Chypre 0.30% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 99.70% 0.00%
Malte 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 100.00% 0.00%



Pour mémoire, et pour comprendre mieux le contexte éolien

705 MW, c'est le projet d'éolien en mer des 2 côtes, au large du Tréport,
pour 141 éoliennes de 5 MW, sur 72 km2, pour 1.8G€


* * *

L'éolien allemand, c'est 25777 MWe (25.6 GW, contre 4.5 GW en France) en 2009,
pour une superficie certainement voisine de la moitié de la Corse,
soit environ  25 x 3 x 365 x 20% max = 44 TWh, sur les 530 TWh d'électricité allemande,
soit 8.2% env. la production allemande (a priori, part de l'éolien sur les 11,5% de sa production ENR)

En 2030, les allemand prévoient de passer en éolien offshore de 180 MW (en 2010) à 25000 MW,
soit 44 TWh de plus.
25000 MW (2.5 GW), c'est 36 projets comme celui des 2 côtes, soit 5000 éoliennes sur 2600 km2
(20% de la superficie de l'île de France, ou 30% de la Corse ou de l'Alsace),
C'est équivalent à l'énergie fournie par 8 centrales Nucléaires comme ChoozB1+B2 (2 x 1.5 GW)
et
ça coute 65 G€ d'investissement.

Pour mémoire, ChoozB1+B2, grosse centrale nucléaire française, produit 5% de l'électricité nucléaire nationale.
Ces 3 GW produisent 50 Gwh/J à un rendement de 76% soit par an soit 3 x 24 x 365 x 76% = 20 TWh,
C'est effectivement 5% des 415 TWh produits annuellement par le nucléaire français.

En France, du fait des contrôles fréquents de maintenance, le
rendement nucléaire est de 76% (95% aux USA)
Un rendement de 100% correspond à un fonctionnement de 365 J/an soit 365 x 24 = 8760 heures de fonctionnement

Pour l'éolien, le rendement est d'environ 15%, et jusqu'à 23% au maximum du fait des chutes de vent,
ce qui correspond à 2000 h de fonctionnement par an.
Ainsi, une éolienne de 2.5 GW produira dans l'année 2.5 x 24 x 365 x 23% = 5 TWh au maximum


* * *

Le pays le plus dynamique du secteur éolien reste l'Allemagne,
avec en 2005 : 64.000 emplois,
18.000 éoliennes, 18.428 MW installés,
produisant 26 milliards de kWh (26TWhe)
soit 4,3% de la production du pays.
L'Allemagne était devant l'Espagne (10.027 MW), les Etats-Unis (9.149 MW),
l'Inde (4.430 MW) et le Danemark (3.122 MW).

En 2009, la France n'est pas en reste, au 7ème rang mondial, avec un parc installé de 4.5 GW,
contre 25.8 GW pour l'Allemagne (n°3 mondiale) fin 2009,
récemment dépassée par les États Unis (35 GW) et la Chine (26 GW),
2 pays qui ont mis "la surmultipliée" sur l'éolien.

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Les discours et l'action
Pouvoir ou autorité ?

Nous savons souvent ce qu'il est bon de faire, mais le voulons-nous ?

Dans son livre "C'est maintenant" paru en 2009,
Jean-Marc Jancovici nous raconte la chose suivante :

[ndlr : il parle des actions à entreprendre pour éviter les chocs énergétiques et climatiques]

"Si l'on veut que les hommes passent un temps significatif
à travailler sur la résolution d'un problème collectif,
il n'y a que deux manières de procéder.
Soit on les paie, soit on les y oblige, et dans un cas comme dans l'autre,
c'est la puissance publique qui a les manettes en main"

Jean-Marc Jancovici nous parle certainement d'expérience de la carotte ou du bâton.
Espérons que le plus de monde possible comprenne très vite de lui-même que notre survie est en jeu,
sans qu'il soit nécessaire d'user très tardivement de ces moyens de séduction ou de coercition.

Bref, l'important, c'est de s'y mettre.