Démarche énergétique en copropriété
ou ... l'art de ne pas mettre la charrue avant les bœufs
27/12/2013
Si vous découvrez le sujet, vous pouvez lire avec profit sur ce site, du plus facile au plus difficile :
- la page sur la consommation des ménages , et aussi la page sur les investissements énergie en copropriété
- la page sur les économies d'énergie et la page sur le calcul de la facture de chauffage
(et plus ardu, la page sur le bilan thermique et la page sur les calculs plus approfondis)
Introduction à ne pas manquer.

«Il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions»!
A
y regarder de plus près, cette phrase nous informe sur la
manière dont la plupart d'entre nous
voyons au départ la gestion de problèmes, les notres ou ceux des autres.
1) D'abord, le déni : «Il n'y
a pas de problèmes». Ceci évite de dépenser du temps à son analyse !
Car on n'analyse pas quelque chose qui n'existe pas n'est-ce pas ?
2)
La focalisation sur la solution «il n'y a QUE des solutions»!
Une
solution toute facile et toute faite, l’évidence en quelque sorte !
Le résultat de la mise en œuvre de la solution ne se fait pas attendre
(un peu comme l'inversion de la courbe du chômage pour la fin de
l'année,
que nous attendons depuis les années 1980)
«Besoin flou, connerie certaine»
Je tienscette citation d'un coach en Management.
Elle résume à elle seule les conséquences de la politique de l'autruche :
«ne parlons pas de ce qui fâche», "pas de vagues".
Mais
les faits sont têtus... et la réalité nous
rattrape.
Vous avez compris tout cela, vous ne niez pas les problèmes, vous les mettez sur la table, en toute
transparence,
vous avez appris à en parler, à les partager (c'est
essentiel), vous avez de bonnes chances de les résoudre... un jour !
Sinon je ne peux pas grand chose pour
vous, mais lisez quand même la suite, vous trouverez peut-être
chaussure à votre pied !
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Étape 1
Constat : Dans votre habitation, l'énergie pose un problème ! Et vous le reconnaissez !

Vous avez par exemple vécu des situations de ce genre :
Vous avez trop froid (ou trop chaud)
vos tuyaux sont froids, vos murs sont froids... quand vous en parlez, personne ne vous comprend
vous avez de la moisissure sur les murs et n'arrivez pas à vous en débarrasser
votre facture d’énergie vous fait dresser les cheveux sur
la tête, ou vous avez des difficultés à la payer.
vos charges de chauffage sont trop élevée par rapport à la normale
vous avez des vieilles installations, vous avez peur qu'elles vous lachent
vous avez des difficultés à vendre votre biens au meilleur prix
quand vous en parlez avec les
copropriétaires, vous sentez que c'est tabou, et parfois vous
vous fâchez ou ne leur parlez plus...
vous savez qu'il faut faire quelque chose, mais vous ne savez pas par quel bout commencer
vous avez les moyens et envie de faire
quelque chose d'utile et d'intelligent pour votre habitation, votre
copropriété, et la planète ! |
En êtant à ce stade, vous tenez le bon
bout.
Vous avez identifié un ou plusieurs problèmes qu'intuitivement
vous pensez appartenir au même sujet :
l’Énergie dans votre habitation !
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Étape 2
Communauté : êtes vous seul ?

Après
avoir fait ce constat, «j'ai un problème de gestion de l'énergie dans
mon habitation»,
prenez unpeu de recul : ce
constat est-il une illusion, ou est-il partagé par d'autre?
Si
la facture augmente de 50%, et si les gens autour de vous ont
suffisamment de moyens,
il est possible que cette augmentation indolore leur soit indifférente.
Si après en avoir parlé à ceux que vous
estimez concerné vous êtes toujours seuls,
c'est que le moment de
traiter ce problème n'est pas encore venu... car il n'est pas partagé !
Et ce genre de problème ne peut se traiter seul !
Il reste donc en quelque sorte pour la communauté «une illusion». Il ne reste plus qu'à patienter...
Si en revanche, d'autres ont identifié les mêmes problèmes... vous allez pouvoir avancer

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Étape 3
Expertise : Je ne sais pas ! Nous ne savons pas !

Comme vous le savez, nous avons parfois (souvent ?) des idées
toutes faites qui rendent sourd à la réalité et
aux arguments des autres.
Il n'est pas possible de remplir une coupe qui est déjà pleine ! Il n'est pas possible de chercher quand on a déjà trouvé.
Dire que l'on ne sait pas, ou que l'on ne sait pas tout, est une vrai preuve d'humilité.
Ainsi, quelquefois, sans prendre la peine de la chercher, de la partager, de la démontrer,
LA solution miracle est mise sur le tapis (par la majorité, voire la quasi unanimité).
Mais majorité n'est pas vérité... et en faisant l'économie d'une étude,
vous aurez toute les chances d'aboutir à un investissement «blanc» qui ne sert à rien,
qui vous aura
surtout donc évité de faire un investissement qui aurait
pu servir à quelque chose. Bref, un boulet !
«Besoin flou, connerie certaine»
Exemples de solutions miracles :
Il faut passer au gaz !
Il faut passer à l'électricité !
Il faut rester en collectif !
Il faut passer en individuel !
Il faut remplacer la chaudière !
Il faut isoler plus !
Il faut ventiler plus !
Évidemment, rien n'est argumenté dans les solutions évoqué de manière péremptoire.
LA solution miracle à souvent ceci de caractéristique : elle évacue les éléments de contexte
comme la maintenance, la fiscalité, les subventions, les frais
annexes, le partage des charges entre copropriétaires, etc
Elle devient toute simple, facile à comprendre... et passe donc pour vraie !
En revanche, quand la complexité de la situation est bien reconue pour ce qu'elle est,
la nécessité d'un audit apparait au grand jour
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Étape 4
Étude – Audit - Analyse

L'audit est
le B de B - A – BA comme nous le rappelle l'ADEME à travers ce lien.
Et si vous en êtes
arrivez là, c'est que le déclic a eu lieu.
En effet, à ce stade, vous
avez un problème, vous n'êtes pas seul dans ce cas, et vous ne savez
pas tout.
Ici commence le travail d'équipe (au début, petite
équipe), prête à réfléchir ensemble au meilleur investissement
possible, en prenant en compte :
1. les besoins de chacun
et ses contraintes de vie : c'est la partie enquête de l'audit
énergétique ou thermique
2.
la réalité du bâti, des installations : c'est la partie technique de
l'audit qui consiste à mesurer les déperditions,
et à cerner les
principaux facteurs clés et contraintes liées à l'environnement et aux
installations
3. les contraintes juridiques, réglementaires et fiscales ainsi que leur dates de mise en application
4.
les subventions possibles (crédits d’impôts, subventions
territoriales), les facilités de financement (PTZ et autres prêts),
les Certificats d'économies d'énergie (CEE), les
conditions associées (durées, pénalités, solidarités...)
5.
l'étude de rentabilité : c'est la conclusion du rapport d'audit,
qui
donne en face de chacune des solutions envisageable la cible obtenue,
un estimation de coût,
et donc une rentabilité (le business case)
6.
la réalité des moyens économiques et financiers de chacun :
c'est la
partie qui va met en lumière le planning des investissements nets,
c'est à dire dans le temps, le tableau en fonction du temps des gains,
des subventions, et des financement à effectuer
Les choix a effectuer et
le planning de réalisations des travaux associés est
généralement effectué à l'issu de cette
phase.

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Étape 5
Besoins et Cahier des charges

C'est maintenant le moment de passer de l'étude préalable
... au(x) cahier(s) des charges finalisé(s) et formalisé(s).
Les scénarios retenus pourront ensuite être
chiffrés précisément par des fournisseurs
potentiels.
La
phase de construction du cahier des charges est plus ou moins
technique,
donc nécessite plus ou moins de savoir faire. Cette phase
peut être sous-traitée.
Attention toutefois : une mauvaise
évaluation du besoin (en fait une étape 4 manquante)
conduira à un cahier des
charges précis, professionnel certes, mais conduira à une solution qui
ne répond pas aux besoins.
Vous en avez tous fait l'expérience
dans un magasin d’électroménager :
si vous ne savez pas quoi acheter,
le vendeur, lui, sait très bien ce qu'il veut vous vendre !
Et que pensez vous d'un vendeur qui n'écoute pas vos besoins ? Que c'est un marchand de soupe !
Il faut être capable de remettre en question, d'écarter ou
de retenir les critères de manière seine et
argumentée.
Pour
effectuer convenablement cette phase, il faut un temps de réflexion,
de
dialogue et de partage qui n'a rien d'évident, comme dans l'étape 3,
car les gens se parlent peu. Très peu.
Et les marchands de soupe le savent... et son prompt à nous
refourguer ce qui les intéressent (en fait seulement ce qu'ils
savent faire)
Le Risque de
l'étape 3 était celui d'un mauvais constat.
Le risque de l'étape 5 est
une mauvaise expression des besoins.
«Besoin flou, connerie certaine» !
CQFD.

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Étape 6
Devis et appel d'offres... puis choix

Vous
avez le cahier des charges... et il a été amendé (si si) ... et validé (et oui !) .
Vous
connaissez précisément votre besoin en terme technique adapté au
marché.
C'est le moment de demander à des fournisseurs potentiels de
faire une proposition, puis de les comparer entre-elles.
Comme la
phase précédente, cette phase est plus ou moins technique, et nécessite plus ou moins de savoir faire.
Il faut de plus parler à des
professionnels du métier sans se faire avoir.
Et il il faut ensuite
pouvoir comparer ce qui est comparable à l'aide de tableaux adéquats.
Cette phase peut être sous-traitée auprès d'un bureau d'étude de
confiance (et pas parachuté sans recul ni concertation).
A
la fin de cette phase, vous aurez à choisir une offre... et à vous
engager financièrement,
sur une durée significative (par exemple : 5
ans ou plus pour un crédit et jusqu'à 15 ans pour avoir le retour sur
investissement).
Si la solution s'accompagne de maintenance, il ne faut pas oublier le surcoût récurrent de cette maintenance,
qui risque de plomber le business case !
Si
la solution nécessite des travaux complexe de mise en œuvre,
elle peut
faire l'objet d'une suivi qu'il faut également financer. Par exemple de
l'ordre de 8 à 10%
Dans tous les cas, il faut prendre en compte les frais supplémentaires de gestion.
Outre un crédit, et une assurance (ex: 10%) , il y a les frais de Syndic par exemple (ex : 2%).
Attention !
La recherche des subventions, CEE, prêts à taux zéro, et autres crédits d'impôts se fait au plus tard à cette étape
Si ces subventions ne sont pas mise en place avant les travaux...
certaines d'entre-elles risquent de ne plus être possible.
La recheche de subventions auprès de la région ou
du conseil général prend du temps et de l'énergie
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Il vous faut bien cerner si vous avez les capacité financières nécessaires,
à la fois pour payer l'existant, financer les travaux et investissements, et les prêts associés.
Cette phase est aussi importante que lorsque vous acheter un bien immobilier.
Une
mauvaise évaluation du besoin
(une étape 4 manquante, étape 5 mal
ficelée / ex : amendements nécessaires non pris en compte)
conduira là encore à une
solution qui ne répond pas aux besoins, un peu comme quelqu'un qui va
au supermarché
pour acheter un produit surgelé ... et qui repart avec
un congélateur et un contrat de maintenance !
On peut simplement
en conclure que le vendeur de frigo était vraiment bon... (ou que vous êtes une truffe)
et il doit
certainement bien en rire en racontant cette histoire aux copains :
«Besoin flou, connerie certaine» !
Bon ,
tout cela se termine par un vote à la majorité (qui n'est
pas vérité) que tout le monde devra ensuite assumer.
Même yacht ou même galère, that is the question !

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Étape 7
Travaux, engagement, suivi, réception
Tout ce travail de suivi nécessite un certain courage et beaucoup d'énergie de la maîtrise d'ouvrage
Sans
un suivi attentif et ferme du donneur d'ordre (du Conseil syndical dans
une copropriété),
il est facile de se laisser refourguer des malfaçons
en tout genre, comme chacun peut peut le vérifier dans son expérience
personnelle,
à un bémol prêt quand il s'agit de collectif.
Quand il s'agit de collectif, par
défaut, personne ne se sent responsable en copropriété,
et il faut donc
choisir les bonnes personnes : les plus rigoureuses, et les moins
enclines à se faire avoir,
en particulier lors de la réception de
travaux.
Il ne faut pas hésiter à indiquer noir sur blanc les réserves identifiées.
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Étape 8
Mesures et Maintenance

Et voilà, les travaux sont effectués, et on récolte ce que l'on a semé...
Pour en avoir le coeur net, on mesure les différents
paramètres (température intérieure,
extérieure...),
et les consommations réelles d'énergie et le coût associé...
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