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Une lecture de la crise
sources illustrations : présentation JM. Jancovici du 06/02/2013 à l'Assemblée Nationale


 La croissance infinie

Un tracteur, c'est l'équivalent en énergie de mille paires de jambes.

(si ces bases énergétiques de physiques vous font défaut,

vous pouvez par exemple consultez la page "domestique"
 ou si vous souhaitez aller plus en profondeur la page "basics")

 Grâce à ce tracteur, et au carburant à bas coût qui l’alimente, pour fabriquer un produit agricole,
il faut de moins en moins de personne, cela s'appelle l'augmentation de la productivité agricole.

Que vont faire les personnes « libérées du travail agricole »?

Elles sont disponibles pour travailler ailleurs, à commencer par l'industrie,
qui va servir d'abord à fabriquer des usines sidérurgiques,
puis des machines à découper la tôle, des usines pour fabriquer des tracteurs,
Des usines pour édifier des voies ferrées, des gares, des ponts.
Des usines pour fabriquer du bitume, du travail pour édifier des routes, et encore des ponts,
puis des maisons près des routes, plus loin des centre ville
mais atteignables très rapidement en voiture (extension urbaine),
Des machines à découper le bois, des usines pour fabriquer des meubles,
des usines chimiques pour fabriquer des matières plastiques, du nylon, et des engrais.
Puis des machines à fabriquer des textiles...et des entrepôts pour stocker tout cela..

Mais plus la machine prend la place de l'homme, plus il faut, pour compenser,
fabriquer des produits supplémentaires pour redonner un emploi à l'homme.
Cela s'appelle la croissance.

A énergie inépuisable, cette croissance est vertueuse !

Elle permet une augmentation sans précédent du niveau de vie,
à commencer par une augmentation énorme de l’hygiène : de l'eau courante grâce aux pompes.
Songez à la machine à laver le linge. Songez au chauffage...
Aux congés payés, à la retraite, aux 35 heures, à la sécurité sociale, aux études longues...
... bref... tout nos acquis sociaux.

Mais la machine s'emballe !

Il faut fabriquer plus de produits pour compenser la diminution du nombre de personne qui ne travaillent plus...
et qui ne trouve plus de débouchés car la productivité industrielle arrive au taquet.

Heureusement, le domaine des services fait son apparition,
avec le
marketing, la grande distribution, les banques, le transport tout azimuth...
Puis plus proche de nous des commandes de produit sur internet,
qui loin d'être dématérialisées entraînent une forme déguisée de croissance ….
... du transport de biens manufacturés et de leur logistique.

De plus en plus de service à la personne, pour les enfants à garder,
pour les vieux à garder, pour les vieux à soigner.
A soigner de plus en plus longtemps. Avec des médicaments de plus en plus nombreux.
Pendant ce temps, ce sont les machines qui travaillent dans les champs et dans les usines,
car il y a plein d'énergie pour les faire tourner.

Tous ses domaines ont vu successivement leur productivité augmenter...
et la croissance ne continue que parce que de nouveaux débouchés sont possibles pour l'entretenir.

La machine continue à s'emballer !

Une vrai boucle de rétroaction positive s'est instaurée.
Fabriquer de plus en plus
pour donner du travail aux personnes libérée par l'énergie,
cette énergie qui permet une augmentation infinie de la productivité...

Mais de telles boucles de rétroaction sont dangereuses,
et peuvent se terminer dans le chaos, comme avec l'effet Larsen
car l'énergie consommée de plus en plus ... n'est plus illimitée.

Et si l'énergie vient à manquer, les machines tournent moins, les transports tournent moins,
et de plus en plus de personnes se retrouvent au chômage (en bas à droite sur le schéma)



Plusieurs solutions pour s'en sortir :

Solution...Continuer la fuite en avant vers la croissance...
mais cela devient de plus en plus difficile,
car l'énergie abondante commence un tout petit peu à se raréfier,
comme en 2008, où la diminution du volume de pétrole disponible
a entraînée une chute de la production,
et donc une augmentation du chômage....
... non par augmentation de la productivité... mais par absence de production tout court !
La corne d'abondance, qui fournissait une manne inépuisable, commence à se boucher.

Solution...Compenser le manque d'énergie par un retour à la force de travail humaine...
Mais vous n'y pensez pas ! Revenir en arrière ???
Et la société refuse pour le moment, car celle-ci induirait certes une diminution du chômage...
mais aussi une perte de productivité, et donc une augmentation du coût des produits.
Or, les chômeurs, ce sont toujours les autres !

Solution...Réorienter la consommation vers des produits durables...
des produits recyclables, réorienter les comportements solidaire et économe...
Mais vous n'y pensez pas !! Toute l'économie est fondée sur le comportement consumériste.
Le Marketing vise un comportement mimétique et égoïste du consommateur ! C'est à dire rigoureusement l'inverse !
La remise en question semble impossible... à moins que le greenwashing...

Vite, vite, une autre solution !

La délocalisation, une forme masquée de l'esclavage


Le pis-allé est donc l'exportation du travail vers des bras moins coûteux,
 et comme l'énergie ne manque pas suffisamment pour que le coût du transport explose lui aussi,
on donna du travail d'abord à des portugais, puis quand ils devinrent trop chers à des marocains,
puis quand ils devinrent trop chers à des chinois, puis à des indonésiens !
Bref, vers des zones de plus en plus éloignées où le coût du travail est de moins en moins élevé...

Cette délocalisation à pour effet d'enrichir ces personnes, les portuguais, puis les marocains, puis les chinois,
qui ensuite à leur tour cherchent à consommer les produits qu'ils fabriquent...
 et donc à augmenter pour se faire le gain de productivité de leur travail... et ainsi de suite.
La part d'énergie consommée par ces ex pays «en développement» augmente de plus belle...
et l'énergie disponible pour tout le monde diminue elle aussi de plus belle.

Durant ce temps, l'emploi industriel continue à chuter de plus belle en occident,
qui a trouvé un atelier international moins cher que chez soi... en Chine ou en Indonésie.

Durant ce temps, nos outils rouillent, et notre savoir-faire s'oublie.
L'ingénierie laisse la place aux études psycho-sociales... et l'artisanat s'éteint.

Le gâteau énergétique diminue petit à petit en volume,
et le nombre de pays qui veulent en avoir augmente...

ceci entraîne mécaniquement une diminution de l'énergie disponible par personne,
en particulier pour les pays qui n'ont pas d'énergie... locale, comme les pays européens !
Et donc une diminution du sacro-saint PIB !

Et la dette se met à croître fortement pour ce payer cette énergie dont nous avons tant besoin !

Mais qu'importe, qu'importe, les générations futures payeront les intérêts... et le principal !
Pour un peu, on verrait saturne dévorant ses enfants, comme dans ce célèbre tableau de Goya...

Durant le temps ou la dette des pays européens explose,
tout autant en France qu'en Allemagne, n'en déplaise à nos politiciens,

La France : la dette augmente avec nos besoins en énergie
Allemagne : idem !

et les pays producteurs de pétrole ou de gaz s'engraissent...
L'Arabie Saoudite, les émirats Arabes Unis, l'Algérie, la Russie s'enrichissent,
que cela profite au peuple, à quelques oligarques, ou a des projets pharaoniques.

L'argent de notre dette... part dans les pays producteurs !
Avec une taxe carbone... elle resterait chez nous !


Durant ce temps, les hommes politiques se débattent avec de vieux modèles basée sur le capital et le travail...

sans s'être aperçu que la société regorge de travail car il y a plein de chômeur... et que le PIB n'augmente pas
sans s'être aperçu que les ressources de l'environnement sont devenues limitées...
sans s'être aperçu que le capital d'aujourd'hui, c'est du travail passé... 
et que le travail d'aujourd'hui engendre le capital de demain...
et donc que le modèle économique qu'on étudié nos hommes politiques à Science-po ou ailleurs ...
... est devenu... obsolète.


Les cours d'éco d'hier et d'aujourd'hui... obsolète
En prenant en compte les sciences... on comprend mieux !

* * *

L'entêtement à vouloir retrouver la croissance conduit à des mesurettes aussi idéologiques qu'inefficaces...

"Caramels, bonbons et chocolats..." - Dalida dans Paroles
Les faits sont tétus
Des promesses qui ne tiennent pas la route


La tentative de diminution du temps de travail, par exemple,
n'est pas une solution car elle ne touche pas à l'élément fondamental : la productivité, donc l'énergie.

La diminution du taux d'emprunt, par exemple,
n'est qu'un emplâtre temporaire, car il ne touche pas à l'élément fondamental dont on commence à manquer : l'énergie !


PIB = f( Quantité Energie)... ça marche très bien
PIB = f(coût Energie), ça ne marche pas ... du tout !
PIB = f(Quantité Energie)... très bien
Si Energie indispo... alors Crise... CQFD

Et nos politiques, en pannes de promesses sur l'essentiel... inondent notre temps de cerveau disponible avec d'autres sujets,
que leur cerveau est capable de bien conceptualiser et dont la mise en oeuvre necessite une énergie... mesurée...
comme le mariage... ou l'esclavage par exemple


En attentant justement à un retour au travail plus technique et manuel... et espérons-nous surtout pas... à l'esclavage.



... et pendant ce temps ..

La France entre en récession... et qu'en disent nos économistes ?

La France en récession: analyse d'un économiste . Cette même video se retrouve sur le site de l'afp, ici
Le speaker est Economiste à l'observatoire français des conjonctures économiques (ofce). Formation : Science-Po
Un autre article et une video du même économiste sont du même bois.  
La video de cet interview au Canada est particulièrement pathétique.

Ce type de constat sans analyse n'est pas l'exception, mais la règle.
Les médias s'en contentent, et ceux qui les écoutent aussi.
On entend à quel point économistes et journalistes sont désemparés.
L'absence dans le discours du mot "énergie" est très significatif.

Alors que le record de chômeurs a été battu le 25 avril 2013...
Et que le pouvoir d'achat des ménages a chuté de 0,9% en 2012 selon l'Insee,
pour la première fois depuis près de 30 ans...

... HEC vient d'être désignée meilleure formation pour nos dirigeants,
parmi 50 écoles sélectionnées par le Financial Times...
... alors, de quoi nous plaignions nous !

Tout cela laisse rêveur.
Alors, que disent nos économistes ?
... Dormez, braves gens ?